Paroles singulières en Méditerranée

Liste des intervenants

Professeur Claude-Guy Bruère-Dawson
Dr Jean-louis Doucet
Dr Michel Leca
Professeur Jean-Louis Pujol
Dr François  Morel
Dr Augustin  Ménard
 Rajaa Stitou
 Jean-Paul Guillemoles
Dr Marie  Allione
 Claude Allione
Professeur Bernard Salignon
Professeur Roland Gori
 Bernard Guiter
Pr Jean-Daniel Causse
 Gérard Mallassagne
 Jean-Claude Affre
Dr Marie-José Del Volgo
Dr Jean-Richard Freymann
Dr Patrick  Landman
 Rhadija  Lamrani Tissot
Dr Marcel Ventura
Dr Marie-Laure Roman
 Franck Saintrapt
 Lionel Buonomo
Professeur Gérard  Pommier
Dr Arielle Bourrely
  ACF-VD
 Laurent Dumoulin
 Jomy Cuadrado
Professeur Michel  Miaille
 Guilhem  Dezeuze
 Aloïse Philippe
Dr Jean Reboul
Philosophe Jean-Louis Cianni
Dr Bernard Vandermersch
 Eva-Marie  Golder
 Bernard Baas
 René  Odde
 Daniel Nigoul

Fermer

PAROLES SINGULIÈRES EN MEDITERRANEE

Séminaire du 12 juin 2009 - AMRFP - Alain Villlar

 

Séminaire du 12 juin 2009 
INTERVENTIONS - Alain Villlar

 

Je vais essayer de parler du transfert et de l’amour, à partir principalement du Séminaire 8 de Lacan, prononcé en 1960-1961, Le Transfert.
Une anecdote rapporte la question d’une petite fille au sculpteur Camille Claudel, devant une de ses sculptures exposées : « comment savais-tu qu’elle était dedans », c’est à dire dans le bloc de marbre.
Je ne sais pas ce que Camille lui a répondu. Mais la question reste posée dans sa sombre clarté. C’est la question d’un savoir sur de l’insu. Comment est-il possible ?
L’après-coup du long détour du cheminement de la création n’élude pas l’énigme de cette rencontre qui l’a inaugurée. Il l’éclaire et la rend vivante.
Le temps logique du moment de conclure éclaire rétroactivement le je-n’en-sais-rien en un ce-qui-aurait-été qui en fait une histoire. Et pas toute une histoire.
Sa question devant la sculpture, la petite fille l’adresse à l’Autre. Le moment capital pour l’infans devant son image au miroir n’est pas seulement cette unité signifiante où il perçoit son corps, mais ce geste par où il tourne la tête vers l’adulte qui le porte. ( page 415 du Transfert) Ce moment où se constitue le moi idéal, l’image du corps, est authentifiée par le regard de l’Autre. Le schéma optique, du vase renversé nous est très utile ici. Lacan nous dit que l’image du corps, i(a), est une image réelle parce qu’elle passe par le miroir du A dans le schéma optique et donc sa symétrie est restituée comme identique à celle du regardeur.
Mais ce que le regard d’amour de l’Autre noue, c’est l’instauration de l’idéal du moi. Lacan, parle ici de ein einziger zug, le trait unaire, une identification primordiale. Freud la décrit dans le chapitre L’identification du texte Psychologie des masses et analyse du moi. ( page 415-418 du Transfert) « ... c’est le caractère ponctuel de la référence originelle à l’Autre dans le rapport narcissique. » L’assentiment de l’Autre, l’introjection symbolique appuie la projection imaginaire du moi idéal.
La question que la petite fille adresse à l’Autre concerne son savoir sur quelque chose qui ne révèle son sens que dans l’après-coup. Au début de son analyse, l’analysant est éroménon, digne d’intérêt, d’amour. Le trajet de l’analyse va consister à substituer l’éromenon, l’aimé, à l’érastès, celui qui aime. Lacan dans le Transfert se réfère au Banquet de Platon, qu’il analyse longuement en première partie du Séminaire.
Il s’agit pour l’analysant de découvrir ou de retrouver plutôt l’objet de son désir. « c’est proprement la métaphore de l’amour » nous dit Lacan page 234-235. L’objet de son désir, a est dans l’Autre et c’est ce qui le fait désirant. C’est cette métaphore « qui constitue en soi-même le phénomène de l’amour. Il n’est pas étonnant que nous en voyions les effets flambants dès le début de l’analyse, dans l’amour de transfert. »* page 235 du Transfert.
« Comment savais-tu que la sculpture était à l’intérieur ? » Cet intérieur nous fait pencher du coté de ce que Lacan développe avec l’agalma de Socrate, à propos du transfert. Alcibiade, dans Le Banquet que Lacan reprend tout du long, compare dans son discours sur Socrate celui-ci aux agalmas, sorte de sculptures grossières creuses qui contenaient des objets précieux. On sait que Socrate occupe là la place de l’analyste. Et Lacan utilise la métaphore de l’agalma pour figurer les parures, l’ornement revêtus par l’analyste dont il se dépouille peu à peu au cours de l’analyse pour laisser, quoi ? petit a, l’objet du désir. Une séance du Séminaire porte ce nom d’agalma comme titre. Lacan le place sous le signe du Che Vuoi, de cette question qui se pose au sujet : « qu’est-ce-que tu veux ? ». « En d’autres termes, y a-t-il un désir qui soit vraiment ta volonté ? ».
L’agalma tourne autour de la fonction de l’objet partiel : « clef, pivot, centre du désir humain »**.

On a vu que cela s’articulait au narcissisme, mais aussi aux fonctions d’identifications. L’amour et les identifications sont étroitement imbriqués, être et avoir.
« Identification à celui auquel nous demandons quelque chose dans l’appel d’amour. Si cet appel est repoussé, identification à celui-là même auquel nous nous adressions comme à l’objet de notre amour, avec ce passage si sensible de l’amour à l’identification. Troisième sorte d’identification, à propos de laquelle il faut lire un petit peu Freud, ses Essais de Psychanalyse, où vous verrez la fonction tierce que prend un certain objet caractéristique, l’objet en tant qu’il peut-être l’objet du désir de l’autre à qui nous nous identifions. » page 181.
Juste après, Lacan caractérise les trois niveaux d’identification fondant la subjectivité, qui recouvrent les trois registres du symbolique, de l’imaginaire et du réel : l’idéal du moi, le moi idéal et le moi désirant.
Être et avoir et leur assomption subjective nous renvoient aussi au complexe de castration et à la question du phallus. « C’est en proportion d’un certain renoncement au phallus que le sujet entre en possession de la pluralité des objets qui caractérisent le monde humain. » page 279. Le phallus qui vient en place d’un signifiant manquant.
Lacan retrouve le beau mythe de Psyché et d‘Éros en commentant un tableau qui représente Psyché découvrant le corps de son amant endormi. Psyché, c’est-à-dire l’âme ne commence sa vraie histoire qu’en lâchant le bonheur comblant et monstrueux qu’elle connaît dans les bras de son amant inconnu, Éros.
Pour Lacan, le problème de la castration est étroitement lié à celui-ci, à propos de l’Autre : « comment se fait-il qu’il puisse et doive devenir quelque chose d’exactement analogue à ce qui peut se rencontrer dans l’objet le plus inerte, à savoir l’objet du désir, a ? » page 278.
Ce qui me fait manquant, donc désirant, c’est le manque dans l’Autre, A barré. Il ne faut pas méconnaître ce trou où le réel vient se loger nous disait Albert Nguyen en Mars. C’est l’A barré. L’Autre se barre pour que le sujet puisse prendre barre sur lui. S barré, pour que le sujet soit barré, il faut qu’il accède à cette dimension de A barré. C’est la structure A barré. 
Voilà, la petite fille a dû probablement continuer sa visite après avoir questionné la maître-sculpteur. Camille Claudel a fait d’autres sculptures, en sachant ou pas. Quant à moi...
« Être subjectivé – nous dit Lacan-, c’est prendre place dans un sujet comme valable pour un autre sujet, c’est-à-dire passer à ce point le plus radical où l’idée même de communication est possible. Toute batterie signifiante peut vous dire que ce qu’elle ne peut pas dire ne signifiera rien au lieu de l’Autre. Or, tout ce qui signifie pour nous se passe toujours au lieu de l’Autre. » page 285.

*« C’est en tant que la fonction de l’érastès, de l’aimant pour autant qu’il est le sujet du manque, vient à la place, se substitue à la fonction de l’éroménos, l’objet aimé que se produit la signification de l’amour. » page 53.
** La chaîne signifiante inconsciente défile sans répit. C’est l’objet a qui en fixe le flux : « dignité du sujet » dit Lacan.

Intervenants

Interventions

 ACF-VD
Jean-Claude Affre
Dr Marie  Allione
Claude Allione
Bernard Baas
Dr Arielle Bourrely
Professeur Claude-Guy Bruère-Dawson
Lionel Buonomo
Pr Jean-Daniel Causse
Philosophe Jean-Louis Cianni
Jomy Cuadrado
Dr Marie-José Del Volgo
Guilhem  Dezeuze
Dr Jean-louis Doucet
Laurent Dumoulin
Dr Jean-Richard Freymann
Eva-Marie  Golder
Professeur Roland Gori
Jean-Paul Guillemoles
Bernard Guiter
Rhadija  Lamrani Tissot
Dr Patrick  Landman
Dr Michel Leca
Gérard Mallassagne
Dr Augustin  Ménard
Professeur Michel  Miaille
Dr François  Morel
Daniel Nigoul
René  Odde
Aloïse Philippe
Professeur Gérard  Pommier
Professeur Jean-Louis Pujol
Dr Jean Reboul
Dr Marie-Laure Roman
Franck Saintrapt
Professeur Bernard Salignon
Rajaa Stitou
Dr Bernard Vandermersch
Dr Marcel Ventura