JL Doucet, 13/04/2019, Répétition et désir : un mémorial de fortune
Répétition et Désir : Un mémorial de fortune
Jean-Louis Doucet 13/04/2019
« On peut dire de lui* qu'il recherche indéfiniment ce qui n'existe pas » Paul Valéry
*De l'être humain
Dans son texte de 1914 « Remémoration, répétition, perlaboration » Freud soutenait que lorsqu'un
analysant n'arrivait pas à se remémorer, alors il utilisait ses actes en lieu et place de ses souvenirs,
ces actes constituaient à proprement parler une répétition inconsciente de ce qu'il ne pouvait
se remémorer. Pour Freud, à cette époque, l'ensemble de l'économie psychique était soumise au principe
du plaisir. Puis, en 1920, en se référant à l'étude des névroses traumatiques, séquelles de la grande guerre,
il perçoit qu'il y a un au delà du principe du plaisir et c'est la compulsion à la répétition caractéristique
de cette névrose qui l'amène à évoquer l'existence d'une pulsion de mort. Il s'appuie pour cela sur
une définition de la pulsion comme ''poussée inhérente à l'organisme vivant vers le rétablissement
d'un état antérieur'' et comme il le précise : ''Le non-vivant était là avant la vie''. Le terme de pulsion
de mort s'impose donc comme étant bien ce qui anime l'économie psychique au delà du principe du plaisir.
Il faut rappeler toutefois qu'avant Freud, Charcot, dont on connaît l'admiration que lui portait Freud,
avait très bien décrit les névroses traumatiques à partir des premiers accidents ferroviaires. Une chose
importante à noter est le fait que Freud a bien observé que s'il existe une atteinte corporelle
(lésion ou blessure) concomitante au traumatisme, il y a très peu de chance qu'apparaisse
une névrose traumatique.
Je crois toutefois que l'on peut repérer bien avant dans les travaux de Freud les éléments qui vont
l'orienter vers ces conceptualisations futures.
En effet dès 1895 dans « Esquisse d'une psychologie »[1] (Entwurf einer Psychologie),
Freud reprend chez Aristote la notion de ''proton pseudos'' c'est-à-dire ''premier mensonge''. Il expose
un cas clinique d'hystérie d'angoisse. C'est l'histoire d'Emma qui souffre d'une contrainte nous dit Freud,
elle ne peut rentrer seule dans un magasin. De nos jours le diagnostic de phobie sociale la dirigerait illico
vers une TCC. Mais Emma est subtile, elle évoque un souvenir datant de ses douze ans (peu après sa puberté
nous dit Freud) où en allant acheter quelque chose dans un magasin elle avait vu rire les deux commis,
dont l'un restera dans son souvenir, et elle s'était enfuie frappée d'une sorte d'affect d'effroi. De là nous
dit Freud, la pensée que les deux commis avaient ri de sa robe et que un des deux commis lui avait plu
sexuellement. Freud pourra relier la réaction d'Emma à un incident beaucoup plus ancien, datant de ses
huit ans, où, en rentrant dans un magasin de sucreries, le commerçant l'avait pincée en ricanant à travers
ses vêtements au niveau des organes génitaux. Malgré ce, Emma était retournée une deuxième fois dans
le magasin, et bien que n'y étant plus retournée par la suite, pensant qu'elle avait souhaité, la deuxième
fois, attirer l'attention sur elle, elle en gardait nous dit Freud, un ''état pesant de mauvaise conscience''.
C'est la maturité pubertaire qui a fait qu'Emma a surinvesti ce premier événement (le commerçant)
lors de la rencontre avec le commis quelques années plus tard. Le premier souvenir était resté mais sans
que la dimension sexuelle en soit perçue. Freud identifie là la notion d'après-coup qui sera capitale dans
sa théorisation ultérieure. Comme le souligne Yorgos Dimitriadis [2]: « Mais cette prise
de signification dans ''l'après coup'' va obtenir un caractère plus général dans la suite de son enseignement
avec la notion de la transcription récurrente des traces mnésiques dans le psychisme (comme dans
les lettres à Fliess du 20/5 et du 6/12 1886). A savoir qu'il y a des couches successives des inscriptions
mnésiques selon laquelle les nouveaux souvenirs élaborent les souvenirs précédents en les traduisant.
L'absence de traduction d'une partie de ce matériel mnésique s'appelle, dit Freud, refoulement et
elle crée, dans le psychisme, les conditions d'un anachronisme. Le motif de cette absence de traduction
est le déplaisir qu'une telle traduction allait produire, en raison de la nature sexuelle de ces traces mnésiques. »
(Autorisons-nous ici une petite digression pour faire lien avec notre thème de l’année :
« Psychanalyse et politique ». Freud parle de la nature sexuelle des traces mnésiques et de leur refoulement
du fait du déplaisir qu’elles procurent. Ce déplaisir je dirai que c’est une jouissance perçue comme
insupportable . C’est cette jouissance-là qui pousse au refoulement. Quel rapport avec la politique ?
Prenons par exemple, l’attitude de certains pays face à l’avortement. La pression sociale était arrivée
à évacuer grâce au législateur les exigences religieuses qui ne pouvaient supporter le déplaisir lié
d’une part à l’abandon de la jouissance surmoïque de l’impératif biblique, mais aussi à l’accession à
la liberté d’une femme à disposer de son corps. Pour autant, cette loi n’a pas pour autant éliminer
les convictions de certains, elle n’a fait que les refouler, et, après un temps de latence, les vieux démons
osent à nouveau se montrer au grand jour, arguant que les dérives de la société actuelle étaient
la conséquence de ces avancées sociales. La dimension symbolique de la législation n’est pas arrivée
à traduire les traces historiques qui contraignent les femmes en signifiants nouveaux qui pourraient
les en libérer.)
Mais, revenons à Emma qui est confrontée à ses pulsions sexuelles quand elle rencontre le commis
qui lui plaît. Dans cette confrontation, elle ne trouve pas chez l'Autre, lieu du trésor des signifiants,
de signifiant pacifiant, elle cherche un Maître, un signifiant-maître qu'elle ne peut pas trouver.
Emma est confrontée au réel du manque dans l'Autre. Les différents signifiants (vêtements, rire, commis,
commerçant, magasin) n'ont entre eux qu'un lien imaginaire dans la diachronie, ils ne sont pas inscrits
dans une dimension métaphorique et une synchronie signifiante. Freud souligne : « Le retard de la puberté
rend possible des processus primaires posthumes ». Le deuxième événement qu'a vécu Emma vient faire
resurgir le premier à partir de ce ''premier mensonge'', mensonge fait à elle-même, dont la nature
sexuelle n'a pu, du fait de l'immaturité sexuelle, trouver un signifiant qui la soutienne symboliquement.
A partir de 1920 et de son « Au delà du principe de plaisir » Freud formalise donc la compulsion
de répétition et il s'aperçoit que celle-ci résiste au déchiffrage de l'inconscient autrement dit qu'elle est
une énergie non liée, ''électron'' psychique libre qui n'est pas prise dans les rets de la symbolique langagière.
De plus, comme déjà évoqué plus haut, l'étude des névroses traumatiques vient en opposition avec
la toute puissance du principe de plaisir considéré jusque là comme seul maître de l'économie psychique.
La géniale observation freudienne de son petit-fils dans le jeu du Fort-Da lui permet de repérer
la tendance de l'enfant à répéter l'expérience pénible de l'absence (parti-revenu ; là-pas là). L'enfant
répète le fait de faire disparaître l'objet. Enfin Freud prend en compte les ''Névroses de destinée''
où le patient a le sentiment que les évènements tragiques qui s'accumulent dans son existence sont le fait
d'éléments extérieurs et qu'ils sont sans liens les uns avec les autres, qu'ils surviennent par hasard. La part
prise par le sujet à sa souffrance est là cachée par le sentiment de la force du destin.
Ceci doit nous amener à une remarque clinique. En effet, nous savons, en tant qu'analyste,
que ce hasard doit être interrogé et repris en séance. Pour autant, ce serait forclore toute altérité que de ne
laisser aucune place à des évènements tout à fait fortuits susceptibles d'empêcher le sujet sur le chemin
du désir.
En reprenant chez Aristote les concepts de Tuché et Automaton, Lacan va retravailler le concept
de répétition comme leur étant consubstantiel.
Jusqu'au séminaire XI Lacan présentait en effet la compulsion à la répétition (pulsion de mort
selon Freud) comme « cette tendance des signifiants – l'insistance de la chaîne -, c'est-à-dire à cette
tendance du désir indestructible inconscient à s'actualiser à travers les formations de l'inconscient ».
A partir du séminaire XI, il va reconsidérer cette position. Le concept de répétition devient
un concept fondamental de la psychanalyse, et, au même titre que l'inconscient, la pulsion et
le transfert, Lacan le pose comme un moteur nécessaire à l'économie psychique. Ceci peut être compris
à partir des trois registres dans lesquels il situe la Psychée à savoir le Réel, le Symbolique et l'Imaginaire.
L'insistance de la chaîne signifiante ne suffit plus désormais à expliquer une compulsion à la répétition
qui se situerait dans un ''Au delà du principe de plaisir » mais cette insistance signifiante fonctionnerait,
elle, comme automaton animé par ce principe de plaisir et ce serait la rencontre avec la tuché, le réel,
qui déterminerait la compulsion à la répétition. La rencontre avec la tuché, la fortune, le réel, est toujours
manquée car non outillée par le signifiant, cette rencontre avec le réel implique toujours un au delà
du principe de plaisir. La répétition n'est plus pour Lacan, à partir de 1964, le fait d'une poussée des
signifiants qui ignorerait le principe du plaisir, mais le fait de la tuché et de l'automaton qui en sont
les deux composantes et dont la première se situe dans un au-delà du principe du plaisir tandis que
la seconde y reste inscrite. Pour autant, Tuché et automaton sont les deux faces d'une même médaille.
Pour Lacan, la rencontre du réel fait toujours traumatisme, cette rencontre ne peut pas se faire sans signifiant.
Pour Lacan, comme pour Freud, le rêve reprend ce qui n'a pas été symbolisé du reste diurne grâce au
du refoulement. L'angoisse qui se manifeste dans le réveil brutal traduit l'impossible inscription signifiante
du réel traumatique. L'angoisse qui ramène avec effroi à la conscience authentifie l'assertion lacanienne
qui assure que ''Le réel c'est ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire »
Il n'y a pas d'écriture du réel mais pour autant la rencontre manquée avec le réel ou plutôt, le manque
inhérent à la rencontre du réel, peut modifier la dynamique signifiante.
Je mettrai cela en dialectique avec le temps logique tel que l'a conceptualisé Lacan. La rencontre
avec le réel c'est l'instant de voir, cet instant de voir impose au sujet la rencontre avec les signifiants,
rencontre qui constitue le temps pour comprendre. Quand le sujet percevra que tous les signifiants
ne peuvent être retenus, que toutes les possibilités ne lui sont pas ouvertes, alors il se précipitera
dans un moment de conclure. Il faudra pour cela que soit choisi un signifiant-maître un S1 qui représentera
notre sujet pour un autre signifiant S2 représentant de la représentation de la pulsion,
vorstellung-repräsantans, nous reprendrons cela plus loin.
Mais revenons à notre étude du concept de répétition.
La chaîne signifiante qui fonctionne dans un automaton vient buter contre la tuché le réel.
Cette rencontre manquée est à l'origine d'une perte, perte d'une jouissance hypothétique du réel, un éclat
de jouissance est perdu à tout jamais. Perte non spécularisable mais qui entraîne le sujet dans une
course effrénée à la réparation de cette perte. La répétition vise à retrouver cette jouissance perdue.
Pour théoriser cela plus avant Lacan, reprend chez Freud, la notion de trait unique ''ein einziger zug''.
Freud avait amené cette notion dans « Psychologie des foules et analyse du moi » à partir de l'identification
au chef au travers de l'idéal du moi. Il avait repéré chez Dora le trait unique de la toux comme identification
au père. Lacan lui, retient cette notion de trait unique en en faisant le stigmate de la rencontre manquée
avec le réel. Le trait unaire inscrit le sujet dans le manque de la rencontre avec la tuché, dès lors il le
caractérise dans sa singularité, il le fait Un parmi les autres. On sait que Lacan fait de l'identification
au trait unaire, l'identification signifiante.
Il me paraît utile dans une courte digression de rappeler les grands types d'identifications retenues
par Freud puis Lacan en rappelant d’abord que pour Freud l’identification est : « La manifestation la plus
précoce d’une liaison de sentiment à une autre personne. »
1/ L'identification primaire, totale.
C'est l'identification au père de la préhistoire du sujet. Je dirais que c'est l'identification à l'espèce humaine.
2/ Les identifications partielles.
Celles-ci peuvent relever soit d'une identification à une image de l'objet : cette image de l'objet
peut être totale comme dans la mélancolie, l'objet de l'identification est ici un objet ''non troué'' ou bien
il peut s'agir d'une identification partielle à une image locale de l'objet, c'est-à-dire cette fois-ci
à un objet ''troué'' que l'on peut présenter comme un objet traversé par le fil rouge de la castration.
C'est ce type là d'identification que Lacan retient comme l'identification imaginaire. Il y a ensuite
les identifications partielles à l'objet en tant qu'émoi, elles relèvent d'une identification à l'émotion
de la jouissance de l'Autre, à un irreprésentable de la jouissance. C'est une identification de type
hystérique dans le sens où Freud qualifie l'hystérie de langue fondamentale. Lacan la désigne comme
identification fantasmatique car elle concerne le sujet dans sa division poinçonné par ce qui cause
sa division. Il ne s'agit pas d'une identification purement imaginaire car elle intègre une percée du Réel
comme le suggère la formule du fantasme selon Lacan : $<>a.
Enfin Freud décrit une dernière identification partielle, identification régressive, c'est l'identification
à un trait de l'objet, ce qu'il nomme l'Einziger zug, c'est-à-dire : « Une identification partielle, extrêmement
limitée qui emprunte seulement un trait unique ( Einziger zug) à l’objet » Lacan reprendra donc cette notion
d'Einziger zug pour en faire le Trait Unaire. Il en fait l'identification symbolique du sujet à un signifiant,
c'est à partir de la ''prise'' de cette identification que le sujet pourra se compter comme Un, que s'installera
son idéal du moi et qu'il pourra s'élever à la dignité d'une énonciation.
Pour Lacan, le trait unaire est à l'origine du sujet désirant. Il est pour lui tatouage, premier des
signifiants. Il est le signifiant d'une absence effacée, absence d'une rencontre avec la tuché effacée
par l'inscription de ce trait.
Cette absence qu'efface subjectivement le trait unaire, peut-être réactualisée par une nouvelle
confrontation à la jouissance, par le hasard d'une rencontre. Ce tatouage, inscrit à l'encre sympathique,
tel un mirage, qu'aucun autre sujet ne pourrait voir , réapparaît dans la contingence d'une rencontre.
Rencontre manquée avec le réel assure Lacan, il dit également « dans le manque à la rencontre s'isole
le rapport au réel. » C'est ce manque, cette absence dans la rencontre avec la tuché que va effacer le trait unaire
dans sa dimension signifiante.
De nombreuses références à la répétition sont plus que surprenantes chez Lacan. Notamment lorsqu'il
avance que « la répétition ne se produit qu'une fois », que « la répétition demande du nouveau », cela va
effectivement à rebours de l'idée commune que l'on a de la répétition. Peut-être pouvons nous aborder
ces assertions surprenantes à partir du concept de trait unaire.
Comment se constitue le trait unaire ? Il faut distinguer trois temps à la constitution du trait unaire[3].
Il y a d'abord une expérience de jouissance qui fixe ce que Lacan appelle un ''mémorial de jouissance''.
Retenons de ce premier temps la nuance étymologique du mot expérience qui peut valoir pour
''s'extraire du péril'', ici du péril de la jouissance. Ce premier temps, instant de voir, est une expérience
''non marquée'' qui est pour Lacan ''cette chose obscure que nous appelons tantôt traumat, tantôt plaisir exquis''.
Ce mémorial de jouissance, ''mémorial de fortune'' au sens où il témoigne de la rencontre manquée avec
la tuché est ce qui est à répéter. Le deuxième temps correspond à la constitution du répétant. Celui-ci
se constitue par la tentative de reproduire la jouissance première, vaine tentative bien sûr, qui implique
une immixtion de la différence, ''ce qui fut répété diffère devenant sujet à redite'' dit Lacan. C'est-à-dire
qu'est générée une perte, perte de jouissance entre le mémorial premier et la jouissance résultant de la tentative
de reproduction de ce mémorial. Le troisième temps est la répétition proprement dite, à savoir, répétition tant
de la perte que de la jouissance nouvelle et de la différence[4].
Le trait unaire se présente comme un Janus ayant un visage marqué par la nostalgie de la perte et
un autre visant à la reconquête de la jouissance perdue.
On peut, à mon sens, comprendre désormais pourquoi selon Lacan, comme d'ailleurs chez Kierkegaard,
la répétition ne se produit qu'une fois, mais aussi pourquoi elle demande toujours du nouveau puisqu'elle est,
pourrait-on dire, ''a-vide de réel''.
Dans son texte « L'étourdit [5]», Lacan écrit la répétition en deux mots re-petitio. Colette Soler[6]
précise que Pétitio, mot d'origine latine, a un double sens que l'on rencontre à la fois dans pétition, terme
qui recouvre une demande à l'autre et dans appétit terme qui lui, relève non plus d'une demande, mais
d'une quête de quelque chose. Elle cite Lacan : « la re-petitio de la demande qui implique à la fois l'adresse
à l'autre et la pétitio du plus de jouir et de la rencontre. »
Cela me paraît pouvoir être mis en écho avec deux choses. D'abord au plan clinique, cette ré-petitio,
dans le cadre du transfert, pose le problème de la demande dans la cure et de la manière dont - sans bien sûr
arrêter la répétition qui, elle, ne cesse pas de s'écrire – celle-ci elle pourra être entendue. D'autre part il faut
rappeler que la pulsion rentre dans la parole par le biais de la demande et que la dimension de quête,
que nous rappelle l'étymologie du mot pétitio, n'a d'autre véhicule que celui de la pulsion partielle.
Je vais essayer maintenant d'éclairer ces notions théoriques sur la répétition et le trait unaire à partir
de deux exemples cliniques.
Je vais d'abord reprendre le cas de la petite Emma de l'Esquisse que j'ai évoqué plus tôt. Je pense
que nous pouvons y saisir dans le récit que fait Freud, les trois temps de la constitution du trait unaire.
- Emma subit à l'âge de 8 ans, le geste déplacé du commerçant. Puis Freud nous le rappelle, Emma revient
malgré le malaise de la première rencontre, dans ce magasin où cette fois-ci, rien ne se passe mais cette deuxième
visite laissera chez elle une grande culpabilité. Le troisième temps, je le situerai dans l'épisode des deux commis
avec l'effroi qui en résulte. Je crois que c'est là que l'on peut situer la répétition. Répétition dans ce qu'elle peut
avoir de traumatique et qui chez l'hystérique qu'est Emma sera à l'origine de son symptôme de ne pouvoir rentrer
seule dans un magasin. Emma est seule les deux fois où elle se rend dans le magasin de confiserie, elle est seule
lorsqu'elle rencontre les deux commis dont un l'attire sexuellement.
Lorsque le commerçant attouche Emma, s'inscrit le ''mémorial de jouissance'', lors de la deuxième visite,
rien ne se passe dans les faits, mais c'est bien une quête de l'expérience première que recherche inconsciemment
Emma chez qui s'inscrit alors, à la fois la perte de jouissance et une jouissance de la répétition. Ce sont
ces deux éléments qui se reproduisent lorsque, quelques années plus tard alors qu'elle est devenue pubère,
elle est confrontée à la séduction du jeune garçon. Je dirai qu'il y a désormais inscription du trait unaire,
signifiant énigmatique pour Emma qui la laisse effroyablement seule dans la relation à son corps désirant.
La deuxième vignette clinique m'est donné par une patiente que je vois depuis peu.
- Catherine 50 ans, vit une souffrance bien singulière. Elle est commerçante et travaille avec son mari avec
qui elle vit séparée depuis les infidélités répétées de celui-ci. Elle a eu avec lui deux enfants qui sont
désormais adultes. Il y a 3 ans, elle est tombée passionnément amoureuse d'un de leurs anciens serveurs,
qui a près de 20 ans de moins qu'elle. Ce jeune homme est atteint d'une psychose chronique traitée, il est
sous curatelle renforcée. Dans cette relation souvent chaotique, Catherine est manifestent bouleversée par
la souffrance qui émane de ce garçon. Il a récemment mis fin à leur histoire. Catherine n'arrive pas à accepter
cette rupture. Depuis, elle surveille ses allers et venues pendant des heures depuis sa voiture la nuit comme le jour
au risque de créer des inquiétudes pour les riverains qui observent son manège. « Je fais des trucs complètement fous,
je suis devenue folle » dit-elle. Elle sait parfaitement que cette relation est sans aucun avenir mais ne peut
se soustraire à l'attraction que cet homme exerce sur elle. De fait ils poursuivent, et elle entretient, une relation
sporadique qui, chez elle, est à l'origine de la souffrance pour laquelle elle m'a consulté.
Aînée de 3 ans d'une sœur, elle a de très bonnes relations avec son père, moins bonnes avec sa mère, bien que
cela ait tendance à s'améliorer avec le temps. Catherine ramène ce souvenir que dans son enfance, brutalement et
sans explication, sa mère a fait disparaître le doudou qui partageait sa vie, en lui disant qu'elle l'avait jeté. Catherine
garde une mémoire très vive de cet événement.
Quelques années plus tard, de façon tout à fait fortuite, Catherine a retrouvé son objet transitionnel
au sommet d'une armoire de rangement, tout à fait intact. J'émettrais l'hypothèse que chez Catherine il y a eu raté
dans la répétition. Il y a un mémorial de fortune lors du méfait maternel. Méfait car c’est un fait évidemment
traumatisant pour Catherine qui n'a aucun outil signifiant pour gérer la perte de ce bout d'elle même ''pas tout à fait
le corps de la mère, pas tout à fait le corps de l'enfant'' comme le soutenait Winicott. Elle sera bien obligé
de faire avec... Mais la découverte de l'existence inespérée de ce doudou pose un nouveau problème. Certes,
elle n'efface pas la trace du trauma ni le fait qu'elle a survécu à cette perte. Mais la découverte du mensonge maternel
laisse accroire à Catherine que la trouvaille est possible. Ne serait-ce pas ce qui se rejoue chez elle dans cette relation
folle au sens où elle ne peut rien en dire d'autre que ''Je n'arrive pas à me séparer de lui, or, je sais que cette histoire
n'a aucun avenir''. Catherine a cet homme ''dans la peau'', il a introduit le diable dans son corps au sens de diabolon,
ce qui sépare, au contraire du symbolon qui réunit.
Cela doit nous amener à considérer que le réel dont nous parlons, la tuché, c'est avant tout le réel du corps
et que la jouissance est, avant tout, jouissance du corps. Je suivrai Yorgos Dimitriadis[7] lorsqu'il avance
que ''l'on peut concevoir le rapport entre automaton et tuché dans le contexte du nouveau-né et de ses pulsions
dans la situation de détresse primitive, Hilflossigkeit, et l'Autre qui vient à son secours avec son ''action spécifique'',
le Nebenmensch (le prochain proche) de l'Esquisse de Freud.''
C'est-à-dire que l'infans a des jouissances corporelles sur lesquelles l'Autre a des effets, une action spécifique,
sans que l'infans puisse distinguer ce qui vient du prochain-proche. L'infans baigne dans les signifiants de l'Autre
(les mots entre autres signifiants) mais ces signifiants ne peuvent pas prendre en charge la totalité de la pulsion.
Il y a toujours un reste. C'est une béance radicale entre le réel du corps et le monde symbolique. Blessure inaugurale
par le langage, celle dont parle Pierre Legendre dans sa conférence : « L'animal humain et les suites de sa blessure.[8] ».
Les conséquences de cette blessure , c'est qu'il faudra, à partir du signifiant-maître S1, signifiant lié à la pulsion,
tatouage du corps par le symbolique, que le sujet advienne pour le Vorstellung-repräsantans, le représentant
de la représentation. Dans le séminaire XI, Lacan[9] exprime cela au mieux en se référant au jeu du Fort-Da
du petit-fils de Freud, je cite : « Car le jeu de la bobine est la réponse du sujet à ce que l'absence de la mère est venue
à créer sur la frontière de son domaine, sur le bord de son berceau, à savoir un fossé, autour de quoi il n'a plus qu'à faire
le jeu du saut. » Plus loin il précise : « L'ensemble de l'activité symbolise la répétition. […] C'est la répétition
du départ de la mère comme cause d'une Spaltung dans le sujet – surmontée par le jeu alternatif, fort-da, qui est un ici ou là,
et qui ne vise, dans son alternance que d'être fort d'un da, et da d'un fort. Ce qu'il vise, c'est ce qui, essentiellement,
n'est pas là en tant que représenté – car c'est le jeu-même qui est le Repräsantanz de la Vorstellung. Que deviendra
la Vorstellung quand, à nouveau, ce repräsantanz de la mère – dans son dessin marqué des touches,
des gouaches du désir – viendra à manquer ? »
Lacan précise ensuite que le sommeil et le rêve, peuvent, peut-être seuls, rendre possible à nouveau
l'accès au signifiant.
Je dirai que pour Catherine, il y a un blocage de la chaîne signifiante, blocage sur une illusion de trouvaille,
sur un S1 qui l'aliène, une jouissance qui la paralyse et ne lui autorise pas la perte. Je proposerais que pour Catherine,
ce bout de corps qu'elle partage avec sa mère sous la forme de l'objet transitionnel, de son doudou, elle est dans l'incapacité,
l'impossibilité à en faire le deuil. Le S2, le Vorstellung-repräsantans, ne peut advenir, il n'y pas chez elle l'effacement
d'une jouissance du corps, qui libérerait le trait unaire et permettrait la répétition.
Un dernier mot sur cette béance structurale entre le réel du corps et la possibilité du signifiant d'en dire quelque chose.
C'est, peut-être, du fait de cette béance que, comme Freud l'avait bien noté, lorsqu'il y a une blessure, une effraction corporelle,
les individus développent très rarement des névroses traumatiques. Je dirais trivialement, que l'atteinte corporelle dispense
ces sujets-là de la nécessité de se représenter le réel du traumatisme.
Alors essayons désormais d'aller plus avant dans cette articulation entre répétition et désir. J'ai de manière qui
se voudrait un peu humoristique donnait à mon intervention d'aujourd'hui le titre Un mémorial de fortune.
En effet, il m'est apparu que l'on ne pouvait aborder cette articulation qu'à partir de la notion de sujet.
« Avant le sujet est le trait unaire » affirme Lacan. C'est donc à partir de ce mémorial de fortune, dans la double acception
de ce dernier terme, à savoir à la fois comme tuché, figure du réel, mais aussi dans son sens trivial, sens que je pourrai
qualifier de bricolage singulier que chaque Un est tenu d'élever pour accéder à la position de sujet.
Ce mémorial de fortune est le témoin du manque dans la rencontre.
Dans son intervention : « Le présent perpétué de la répétition.[10] » Madame Colettte Soler dit de la répétition
que : « Ce n'est pas le retour du même, pas même un retour, c'est du neuf et du toujours différent, pas du destin, mais du hasard,
et enfin pas du pluriel mais du singulier. »
Si la répétition est en cause à chaque occurrence où le réseau des signifiants vient buter sur le réel, ce qui se répète
c'est la singularité de chaque Un dans le présent de la rencontre. C'est parce que le sujet est blessé par le registre du symbolique
porté par les signifiants qu'il ne peut surgir de la rencontre manqué que comme sujet divisé. C'est le manque de signifiant
pour symboliser tout le réel qui divise à jamais le sujet de l'inconscient.
L'inconscient - Lacan le formule clairement et Colette Soler reprend cela dans ce texte – ce n'est pas la répétition,
mais la répétition est un effet de l'inconscient. La répétition est un effet de l'inconscient car elle a pour condition de possibilité
un sujet divisé, divisé par le langage et il n'y a pas d'inconscient sans langage. « La division du sujet, destin de
l'homme scientifique »[11] assure Lacan. Cela veut dire que l'homme qui est dans l'époque de la science ne peut se
soutenir que d'un manque-à-être qui l'installe d'emblée dans une position désirante. « La répétition, loin d'être le retour du passé,
est le présent perpétué de la division du sujet. » nous dit Colette Soler.[12] La répétition ne peut donc être que l'éternisation
du désir inconscient. Si depuis Freud, nous savons que le désir est indestructible, c'est parce que nous pouvons répéter la marque
d'une rencontre qui n'a pas eu lieu avec la jouissance toute. Le trait unaire est cette marque qui efface, qui éteint l'éclat
de cette jouissance. C'est comme cela que je peux comprendre Lacan lorsqu'il affirme[13] : « La répétition est unique
à être nécessaire », c'est-à-dire que le répétition ne cesse pas, elle ne cesse pas de s'écrire par la grâce du trait unaire.
En travaillant cette intervention m'est revenu en mémoire une analyse qu'a faite le philosophe-mathématicien
Olivier Rey,[14] au sujet du retournement des poussettes d'enfants dans les années 70. Avant cette date le bébé était face
à la mère qui le poussait, il tournait le dos à la route, au réel du danger. Désormais le bébé fait face à la route, au réel du danger
et tourne le dos à sa mère. Olivier Rey analyse cela comme une coupure profonde entre les sociétés passées et la société actuelle
où l'individu serait à même d'affronter seul le danger dans un fantasme de l'homme auto-construit . La philosophe
Simone Weil[15]assurait : « Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu'à l'avenir. C'est une illusion dangereuse
de croire qu'il y ait même là une possibilité. L'opposition entre le passé et l'avenir est absurde. L'avenir ne nous apporte rien,
ne nous donne rien ; c'est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner
il faut posséder, et nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous.
De tous les besoins de l'âme humaine, il n'y en a pas de plus vital que le passé. »
Pas de répétition sans passé, pas de présent s'il n'y a pas de passé. Pas de mémoire sans témoignage, sans mémorial.
Le présent perpétué de la répétition implique, impose une perte, c'est cette perte qui autorise la mémoire. ''La mémoire et la mort
se répondent'' disait Valéry. La prise dans le langage entraîne le meurtre de la chose et la division du sujet mais aussi l'éternisation
de son désir.
A la portée symbolique que lui donne le philosophe, nous pouvons rattacher au fait de société qu'il décrit, une regard posé
depuis notre position d'analyste. En évinçant la mère du champ scopique du bambin, le retournement de la poussette ôte au bébé,
un des outils cruciaux qui permettent d'affronter le réel. Nous n'avons pour appréhender le réel que deux moyens à notre disposition,
les mots et les images. Bien sûr la voix de celle ou celui qui pousse le bébé peut toujours accompagner le réel qui se déploie
devant lui, mais en supprimant le soutien du regard de la mère, ne risque-t-on pas d'imposer à l'enfant une vision sans regard ?
L'absence du regard de la mère comme objet a, c'est-à-dire comme le dit humoristiquement Lacan, une des quatre effaçons
de décrire la perte de jouissance, soumet l'enfant au risque d'une jouissance toxique de la vision. Il me paraît qu'est créée là
une difficulté possible à inscrire le trait unaire. Le regard de la mère sur son enfant, tout autant que les mots portés par sa voix,
peuvent avoir une dimension signifiante à même de pacifier la rencontre toujours manquée avec le réel. Sans l'automaton de
la chaîne signifiante qui vient buter sur la tuché, sans ce rendez-vous manqué avec la jouissance comment pourra se construire
ce mémorial de fortune ?
Cette digression ne veut pas donner plus d'importance clinique qu'il en a à ce fait sociologique, mais ce que je souhaite
illustrer grâce à lui, c'est que c'est bien la butée de l'automaton sur la tuché qui crée la condition de possibilité de la répétition
par la trace qui pourra s'en écrire.
« Nous sommes issus d'une scène où nous n'étions pas. L'homme est celui à qui une image manque » assure Pascal Quignard.
Nous courrons tous après quelque chose d'hypothétique et qui de toute façon nous pousse, est derrière nous. Mais cette course
n'est pas vaine, car sur le chemin du désir nous pouvons faire des rencontres, toujours manquées, celle de l'amour est certainement
la plus importante d'entre elles. Pour cela notre désir a besoin d'un étayage, il a besoin d'être soutenu, et ce soutient, le sujet divisé
l'a trouvé dans le fantasme. La formule lacanienne du fantasme $<>a met en place la répétition comme unique et nécessaire.
Elle arrime le sujet divisé par le langage dans sa rencontre avec le réel avec cette part de jouissance perdue à tout jamais et
qui nous pousse indéfiniment à chercher à la rattraper. Lacan nous rappelle que[16] : « -le fantasme n'est jamais que l'écran
qui dissimule quelque chose de tout à fait premier, de déterminant dans la fonction de la répétition. » . Ce quelque chose ne peut
être que le réel en tant que sa rencontre est toujours manquée.
De manière inattendue, dans sa leçon du 12 février 1964, Tuché et Automaton, Lacan prend pour exemple de répétition
un rêve rapporté par Freud dans ''La science des rêves''. Le fameux rêve ''Père, ne vois-tu pas que je brûle ?''. On sait que Freud
voyait dans ce rêve la confirmation de sa théorie qui fait du rêve la réalisation d'un désir, dans le cas particulier, pour ce père,
le désir de revoir son fils vivant. Mais Lacan va bien au delà de cette analyse. C'est pour lui, la répétition de la rencontre manquée
avec le réel qui se joue dans ce rêve et il nous dit que dans cette phrase que le père met dans la bouche de son fils mort :
''Père, ne vois-tu pas que je brûle ?'' ce sont les objets du désir du père qui surgissent sous la forme du regard et de la voix et
Lacan d'affirmer[17] : ''Le désir s'y présentifie de la perte imagée au point le plus cruel de l’objet.’’
C’est la rencontre entre les signifiants paternels et le visage le plus terrible du réel qui fait apparaître ici les objets
du désir du rêveur.
Nous pouvons revenir également à ce que Lacan, toujours dans la même leçon, dit du jeu du fort-da du petit-fils de Freud
évoqué plus haut.
Nous y voyons désormais le désir du petit garçon s'y révéler dans la répétition du jeu absence-présence, donc dans
une confrontation au réel de la disparition maternelle mais mis en lien avec les signifiants fort et da.
La possibilité du parti, de l’absence permet la sécurité du revenu, de la présence. Lacan exprime cela au mieux :
« C’est la possibilité de l’absence qui fait la sécurité de la présence. »
Cette création enfantine, cette mise en scène de son amour n'est-elle pas, en fin de compte, l'ébauche de tout ce qui
peut advenir dans l'expérience analytique ?
fort et da ne sont-ils pas les premiers éléments d'une énonciation ?
N'est-ce pas ce que nous propose Lucien Israël en conclusion de l'ouvrage ''Pulsions de mort'' [18] où il nous dit ? :
« Mais ce à quoi l'analyse peut nous mener, même s'il s'agit d'une répétition justement et en dehors de l'analyste, bien sûr,
car ce n'est pas pour lui que cela doit se passer mais pour le sujet, c'est que la répétition retrouve cette dimension de création
qui est signe de vie. Et il n’y a pas d’autre visée dans l’analyse »
Nos politiques actuelles n’éliminent-elles pas toute possibilité de répétition en ne prenant pour critères que des
paramètres techno-scientifiques ? En imposant un système omniprésent d’évaluation qui se basent sur la reproductibilité
à l’identique de phénomènes sociaux, politiques, culturels elles bannissent ainsi toute la dimension créatrice de la répétition.
« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez le sans cesse et le repolissez, rajoutez quelquefois mais
souvent effacez ! »
Boileau avait déjà tout compris !
[1]Freud S. « Esquisse d'une psychologie » pp 121-133 érès 2011
[2]Aristote et les concepts psychanalytiques de ''L'effet après-coup'' et de la répétition ''. . Yorgos Dimitriadis.
9 / 2010 Les origines grecques de la psychanalyse. Ce texte sert de trame serrée à la présente communication.
[3]Ibid note p.2,
[4] Conférence Madame Colettte Soler du 30 janvier 2010. Université Montpellier III. Inédit.
[5]Lacan J., « L'étourdit » , Autres écrits. Paris Seuil
[6]Ibid.note n°3
[7]Ibid, p.2
[8]Legendre P. « L'animal humain et les suites de sa blessure » Conférence à Montpellier. Fayard - 11-2016
[9]Lacan J. Le Séminaire L. XI « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse » pp. 60-61 Seuil
[10]Soler C. « Le présent perpétué de la répétition » in « La répétition à l'épreuve du transfert » pp 197-203, Hermann Éditeurs 2011
[11]Lacan J ; « D'un dessein » Écrits, Paris Seuil 1966. p. 367,
[12]Ibid note n°9 p. 1999
[13]Ibid note n°10
[14]Rey O. « Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit » Le seuil 2006.
[15]Weil S. in « L'enracinement » in Oeuvres (1943) p.1057 citée par Rey O. in : « Une question de taille » p. 81 Stock 2015.
[16]Ibid note n°8 pp 58-59
[17]Ibid note n°8 p58
[18]Israël L. « Pulsions de mort » , p. 189, érès ARCANES 2007