10/10/2015, Bernard Guiter, Apport de la littérature à la compréhension de l'alcoolisme
Apport de la littérature à la compréhension de l'alcoolisme
Bernard Guiter 10/10/2015
Le thème de l'alcoolisme, qu'il concerne l'auteur ou l'œuvre, est un thème
régulier dans la littérature. Que l'alcoolique manque de vie et l'alcool lui apporte l'hybris (principe grec de démesure et d'insolence) mais ce
même alcool peut tempérer le trop penser, et l'alcool revêt alors les vêtements de la némésis (principe grec du retour à l'ordre). La disparité
des commencements fait place à l'uniformité des fins : mirages avortés de l'harmonie universelle débouchant sur une déchéance singulière.
La parenté littérature-alcoolisme réunit les écrivains-buveurs (ou buveursécrivains) en un courant : La génération perdue des auteurs
américains (Hemingway, Fitzgerald etc…). Les désenchantés français (Hussards : Blondin, Nimier, Laurent, Déon).
Dans ces courants j'ai choisi ces désenchantés car :
- leur apparition est en un temps voisin du nôtre : celui de l'épuration d'après-guerre, temps d'incompréhension. "C'était un
temps déraisonnable / où l'on mettait les morts à table / l'on prenait les loups pour des chiens / je n'avais amour ni demeure / si
je vivais dans la terreur c'était de n'y comprendre rien."[1]
- justice devait être rendue à Antoine Blondin dont l'ouvrage, Le singe en hiver, est connu pour son adaptation
cinématographique (Verneuil, Audiard, Gabin, Belmondo) adaptation gauloise d'un ouvrage shakespearien, adaptation qui
faisait pleurer un Blondin trahi.
L'alcoolisme n'est qu'un exemple des addictions : drogues licit es et illicites, jeu, internet etc… d'où vont naître les sociétés
où l'anonymat est de rigueur. Addiction avant tout veut dire vente, vente faustienne de son âme au diable (de diabolos désunion par opposition
au symbole qui unit) qui lui a des noms : Satan(le tentateur), Lucifer : le porteur de lumière… des noms du diable. Le diable c'est l'alcool auquel
les américains donnent un nom : John Barleycorn (grain d'orge) et l'alcool désunit du social en promettant un savoir et réunit les damnés
dans cet enfer qu'est l'enclave pathologique où le pathos devient un ethos.
Les grands auteurs de la Divine Comédie, ivre expression empruntée à Malcom Lowry : Blondin, Malraux, Hemingway, Fitzgerald,
London etc… n'échappent pas à cette "mêmeté" historique que l'on retrouve dans leurs œuvres car si souvent il y a entre l'œuvre et l'auteur le fossé
du fantasme, l'incapacité du signifiant à représenter le sujet , c'est dans la littérature alcoolique que l'écart est le moins conséquent bien qu'il existe
(Blondin qui est par excellence le laudateur de l'amitié décrira des héros solitaires) et ce même Blondin écrira " L'art de s'exprimer ne consiste
pas à copier la vie ni à se laisser accabler sous la dictée de la réalité"[2]. L'auteur n'est pas sans parler de lui.
Aussi c'est essentiellement de Blondin que je m'inspirerai et particulièrement du Singe en hiver, l'ouvrage clé avec Monsieur Jadis et
L'humeur vagabonde de l'œuvre d'Antoine Blondin. Et, pour commencer je m'en inspirerai pour donner une définition de l'alcoolique.
Le roman "Un singe en hiver" nous met en présence du jeune Gabriel Fouquet peintre de son état, amoureux éconduit par son épouse Claire
qui arrive dans une bourgade normande (Tigreville) pour y voir sa fille pensionnaire au Cour Dillon depuis le divorce parental. Le motif du
divorce : l'alcool. Claire l'avait prévenu : "Le seul obstacle entre nous c'est l'alcool"[3] et il a répondu :"Je boirai l'obstacle"[4]; mais l'homme prend
un verre, puis un autre verre et le verre prend l'homme et Claire lui avoue "Tu me fais peur […] je n'ai pas peur de ce que tu peux
faire mais de ce que tu deviens […] J'attends un homme, j'en vois apparaître un autre"[5]. … Alors en arrivant à Tigreville Fouquet fait un
sévère examen de lui même "Je ne suis pas un individu triste mais un triste individu"[6].
A Tigreville, Fouquet rencontre le patron du Stella Albert Quentin, ancien buveur non repenti mais qui, pendant la Seconde Guerre
mondiale a promis, s'il réchappait au bombardement de la ville, de ne plus boire. Ce qu'il fait au p rofit d'une addiction aux bonbons acidulés.
De Quentin, Blondin nous dit :
- "Il présentait une ivresse impénétrable […] ses compagnons prétendaient qu'il était saoul debout. Quentin, en effet, était un homme
debout"[…]"[7]. "Quentin ne jugeait pas les autres, il était un témoin silencieux"[8].
Albert reconnaît en Fouquet un frère d'alcool : un prince capable de rêves et non un ivrogne obsessionnalisé dans sa gestuelle et il le fait
savoir au tavernier sans tendresse Esnault "Vous n'êtes pas de la même famille d'individus, lui et toi"[9].
Albert aimerait à nouveau rêver et Gabriel le fait rêver "Je ne suis pas venu pour te détruire mais pour te réveiller"[10] (phrase christique "Je ne suis
pas venu pour abolir mais pour accomplir" (Mt 5,17) alors Suzanne, l'épouse de Quentin pour laquelle "le bien et le mal sont des critères
domestiques comme le chaud et le froid"[11] (comme la mère de Dora dont Freud dit qu'elle est atteinte de la "psychose de la ménagère"[12]),
interpelle ce dernier alors qu'elle le pressent tenté :
- "Peut-être pourrais-tu recommencer à prendre un peu de vin à table ?"[13]
et Quentin de répliquer :
- "Si quelque chose venait à me manquer ce n'est pas le vin mais l'ivresse."[14]
Voilà la définition proposée : l'alcoolique n'est pas un amateur de vin mais d'ivresse et Quentin s'explique sur son alcoolisme
"Vous ne connaissez que les malades, ceux qui vomissent et les brutes, ceux qui cherchent l'agression à tout prix; il y a aussi les princes incognitos
qu'on devine sans parvenir à les identifier. Ils sont semblables à l'assassin du fameux crime parfait dont on ne parle que lorsqu'il est raté […].
Représente toi plutôt un promeneur qui aperçoit brusquement un couloir somptueux et s'y engouffre parce que rien ne le retient de l'autre côté
de la rue"[15].
Si l'alcoolique est un amateur d'ivresse ceci a au moins deux implications :
- l'alcoolique n'aime pas l'alcool, il aime l'ivresse. Il n'est pas œnologue, on ne le trouve pas côté jardin (en terrasse) mais côté cour
(au bar) et il ne déguste pas, il se remplit de cet alcool qui n'est qu'un agent de voyage.
- si le critère de l'alcoolisme est l'ivresse et que l'on réalise que cet ivresse, ce transport euphorique peut être provoqué par de
nombreux agents : le pouvoir, l'amour, le sport, et maintenant le sang… Nous sommes tous des alcooliques.
L'homme de l'ivresse qui n'a de différence avec l'humaine condition que d'utiliser un agent de voyage de moindre noblesse il va
falloir s'en protéger et cette humaine condition a pour cela une arme : la classification. Placé à la rubrique médecine l'alcoolique est malade
d'une "alcoolose" (l'état psychique implique l'anxiolyse de l'alcool) ou d'une alcoolite (le poids culturel est alors déterminant) ou encore d'une
somalcoolisme (manie intermittente : alcoolisme du week-end, fiesta drinking, hangover). Ceci pour Fouquet, Jellinek parlera lui d'alcoolisme
alpha (assuétude psychologique), béta (assuétude psychologique avec troubles organiques) et gamma (consommation permanente). Une fois classé
il faut le caser : si le corps prédomine : en gastroentérologie, si c'est le psychisme en psychiatrie, si c'est l'acte, en addictologie puis préparer
l'avenir : sociétés néphalistes (A.A; Croix bleue. Il faut le produire devant l'ordre médical ( habeus corpus médical) et surtout pas sur le divan
(habeus verbum psychanalytique) : la logorrhée laisse on la sait la mémoire au vestiaire le transfert lui, invite à la consommation)… Résultat :
le lien social est rompu et c'est le pathos qui fédèreune société marginale où il assènera, Pavlov oblige, "Je ne bois pas, je suis alcoolique"
à la présentation d'un verre.
Le social n'est pas avare non plus de classification : il y a celui qui sait boire et l'alcoolique, celui qui tient l'alcool et celui qui ne le tient pas…
Quentin n'échappe pas à l'appétit classificatoire : les princes d'un côté, les gueux de l'autre. Mais l'unanimité se produit dans l'expression :
il boit… L'occultation du signifiant alcool nous en dit long. Il est tantôt loué pour ses vertus pharmacodynamiques, anxiolytiques (Bartez,
Arnaud de Villeneuve etc…), curatives et figure dans le dictionnaire médical de Dechambre à la rubrique médicament (1869). Le précité
Arnaud de Villeneuve résume ses vertus "L'alcool guérit l'homme du venin, prolonge ses jours, ranime le cœur, entretien sa jeunesse"[16].
La religion chrétienne après avoir présenté le sauveur comme "la vraie vigne" (Jn 15,1) fait du vin son sang lors de la présentation des oblats pendant
l'Eucharistie (action de grâce : sacrement le plus important) "Buvez-en, tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance" (Mt 26,28). Le Christ
institue ainsi un lien social via l'alcool et le pain d'où la dénomination de la religion du Nouveau Testament : religion de l'agapè (des agapes :
festin de fraternité) qui fera passer les premiers chrétiens pour "des ivrognes et des gloutons" (Mt 11,19) pour la Pentecôte. Il est tantôt
réprouvé par exemple par les mandement s d'évêques dans le droit canon de l'ancien régime, par la législation française depuis la Révolution
(loi sur les alcooliques dangereux, 1948).
L'alcool a aussi des laudateurs, des détracteurs, et Freud constate que lorsque un objet voit converger vers lui amour et haine c'est un
objet de désir . Alors consommer un objet de désir c'est socialement un vice qui engendre une réaction contre-transférentielle de rejet social.
Une complicité s'installe entre l'instance répressive intérieure (le surmoi) et cette réaction qui officie comme surmoi extérieur. Cette réaction
Freud l'appelle la "verjönung" : l'opprobre. Dans les services médicaux les patients subissent terriblement cette opprobre particulièrement en
ce qui concerne les maladies dites du désir (alcoolisme, maladies sexuellement transmissible) et ils sont alors malades deux fois : de leur
maladie et du jugement porté sur leur maladie qui atteste plus de la névrose soignante que de l'intention première du patient. Pourtant
la religion, depuis le livre de Job avait dénoncé cette attitude. Job contre l'avis des trois sages : Eliphaz, Bildad, Cophar, puis de Helihu qui veulent
lui faire avouer que sa maladie est due à une faute nie, ne cède pas aux exhortations de son épouse "Maudit donc Dieu et meurt" (Ib. 2,9). Le Dieu
lui donnera raison rompant avec la tradition biblique qui associait maladie et faute et punissait pour cela les générations "les parents ont
mangé des raisins verts et les dents des enfants en furent agacées" (E2 18,1-9).
Ceci nous conduit au constat de quelques particularités de l'alcoolique :
- l'alcoolique est médecin :
C'est lui qui se prescrit le médicament susceptible de sédater sa douleur morale malheureusement il n'est pas inscrit à l'ordre médical et
il va se heurter au représentant légal c'est le fameux combat décrit par François Perrier entre le chimiste (l'homme de l'ordre) et l'alchimiste
(celui qui fait de l'exercice illégal de la médecine). L'homme de l'ordre tranche sur chiffre (science oblige) entre un état chronique (volume globulaire,
taux de transaminases) et un état aigu (qui va de l'ébriété au coma) puis se risque, quand cela est possible, à un discours hygiéniste sur les méfaits
somatiques (névrites, cirrhose etc…) et psychiques ( Korsakoff, etc.) devant un amateur d'ethyls qui s'impatiente pour aller au bistrot ou d'un seul coup
d'un seul, le briseur de souci freudien va faire disparaître l'enfer prophétisé d'autant plus que ce n'est pas l'eau qu'on lui a mis à la bouche mais
l'alcool en lui demandant le nombre de verres, le titrage de l'alcool etc. Alors l'alchimiste va administrer son ordonnance à sa pharmacie :
le café. Mais cet alchimiste va se fourvoyer dans la "Quantité Suffisante Pour" (QSP) et, entre le premier petit verre d'ouverture et le petit dernier
pour la route s'impose l'aphorisme du film de Billy Wilder : Le Poison "un verre c'est trop, mille verres ce n'est pas assez ".
Dire que l'alcoolique est médecin c'est dire que l'alcool est médicament. Homère soulignait déjà cette parenté quand, de retour d'Egypte où
il vit l'effet de la bière sur les Egyptiens il présenta l'Egypte comme la terre où tous les hommes sont médecins.
L'alcool en fait est pharmakon. Qu'est-ce à dire ? Le pharmakon c'est la drogue c'est-à-dire qu'au-delà de son aspect curatif, elle devient
mortelle (poison). Mais le pharmakon c'est aussi ce personnage grec aux besoins duquel subvient la cité mais que l'on tue dès qu'éclate un conflit
pour rétablir la paix : le bouc émissaire. L'on accuse souvent l'alcoolique de se déresponsabiliser derrière l'alcool pharmakon. Cela n'est pas
toujours le cas. Toujours dans Un singe en hiver Quentin, tenté est apostrophé par son épouse Suzanne qui lui dit en parlant d'Hesnault, le tavernier :
• il t'a poussé à la bêtise en de nombreuses circonstances.
• Nom de Dieu (dit Quentin), c'est formidable : quand je fais des bêtises, je voudrais bien que le mérite m'en revienne[17].
En tout cas médecin, pharmacien de son propre tourment l'alcoolique est un système autarcique ce que soulignait Blondin à une émission de
Bernard Pivot " Si jamais tout l'argent que j'ai claque dans les bars qu'est-ce que je prendrais comme cuites"[18].
- L'alcoolique est voyageur :
L'alcoolique va se commettre à deux types de voyages selon le vocabulaire anglo saxon : le voyage topographique (le "travel") et le voyage
psychédélique (le "trip"). Le voyage topographique ne fait défaut à aucun des grands auteurs de la divine comédie ivre : Hemingway s'évade en Italie,
en France, en Espagne tandis que Lowry sillonne l'extrême orient, le Mexique, l'Espagne, l'Allemagne : que Blondin parcours l'Europe
buissonnière et que London erre d'un état d'Amérique du Nord à l'autre jusqu'au Canada. Ces "travels" naissent d'un espoir : ailleurs l'herbe
est plus verte sauf quand on se trouve dans cet ailleurs qui se montre alors bien décevant. Quentin le fait remarquer à Fouquet : "J'ai voulu tout
connaître. J'ai fumé à Shanghai, j'ai fumé à Hong-Kong à travers des rues éclairées par des lampions […] ce n'était pas formidable; c'est une manière
d'onanisme ce truc-là, on rêve quoi […]. Maintenant il m'arrive de rêver que je fume."[19].Alors les voyages se tarissent et Antoine Blondin
qui dit : "Je parle beaucoup de moi à travers d'autres personnages" avoue dans l'humeur vagabonde "Un jour nous prendrons des trains qui
partent"[20] pour justifier les ivresses qui l'empêchent d'être ponctuel. Et comme Pierre Assouline lui demande pour où, il répond : "qui partent
pour me ramener à la maison"[21]. L'autre voyage est le trip : celui -là met dans un état plutôt que dans un ailleurs et cet état, qui, mieux que
Jacques Lacan peut le définir quand il évoque les traces du complexe de sevrage "Une assimilation parfaite de la totalité à l'être. Sous cette
formule d'aspect un peu philosophique on reconnaîtra ces nostalgies de l'humanité : mirage métaphysique de l'harmonie universelle, abîme sociale
d'une tutelle totalitaire toutes sorties de la hantise du paradis perdu d'avant la naissance et de la plus obscure aspiration à la mort"[22]. La visée des
voyages c'est Das Ding ("la chose comme cause") c'est à-dire ce quelque chose qui m'est à la fois et étranger et au cœur de moi, cet objet perdu qui n'a
peut-être jamais existé mais dont l'hypothèse est nécessaire pour fonder le désir humain : retrouver cet objet hypothétique qu'on n'arrive jamais à
retrouver et tant mieux le sujet serait englouti dans cette jouissance toute qui pourrait bien être représentée par la mère. En tout cas le
paradis artificiel est recherche d'un paradis perdu d'où la parenté de la toxicomanie avec la religion.
Le voyage psychédélique est surdéterminé tentative d'évasion du monde maternel mais pour y mieux retourner : les trains ne partent pas ou
ramènent à la maison. Cette vection vers la chose originelle justifie ce surnom de Blondin : Monsieur Jadis tandis que le trip fait du souvenir
un poète et non un historien ainsi sera le Prado pour Fouquet et le Yang-tsé Kiang pour Quentin qui parle à jeûn de "sa passion éteinte pour
la muraille de Chine"[23] précisant qu'il s'agit "d'un rêve de fusilier-marin"[24].
Mais où mène encore le voyage de l'alcoolique ?
- Blondin décrit ainsi Suzanne : "Madame Quentin n'est pas une beauté mais elle possède la noblesse que donne le gouvernement des
objets, une autorité préservée contre les abus de pouvoir par les limites définies de son domaine"[25]. Quentin commente
"Madame Quentin n'aspire à rien d'autre qu'à assurer au lendemain les couleurs de la veille"[26]et rajoute "Les femmes peuvent
exceller aux fourneaux parce qu'elles sont les dépositaires spontanées de tout ce qui concerne le feu et l'eau"[27] et c'est dans
Monsieur Jadis que Blondin conclura "Le bonheur conjugal est particulièrement tolérable en échantillon"[28]. Ces femmes sont
les femmes dont les hommes ont besoin : les femmes-mères (la femme qui nourrit). L'alcoolique a un père tragique. Des pères il en est
peu question mais quand il en est question les dialogues sont de poids. Quand Fouquet arrive au Stella à Tigreville Quentin se prépare
pour un voyage à Blangy dans la Somme et comme Fouquet lui demande pourquoi Quentin répond "à partir d'un certain moment tous
les chemins mènent au père mort ou vivant"[29]. Et Quentin se souvient d'autrefois, quand il était ivre "on m'a raconté que je m'installais
à la gare à côté du portillon pour chercher mon père. J'arrêtais les voyageurs, je les questionnais, je les injuriais… J'en arrivais
à oublier qu'il était mort à l'époque de ma naissance"[30]. Le père de l'alcoolique est toujours un père tragique. Celui de Blondin,
écrivain raté, fût délaissé par son épouse pour une autre femme et il se mit à boire. Antoine qui le détestait disait fréquenter les
mêmes cafés que lui mais pas à la même heure. Il devait se suicider quai Voltaire d'un cocktail d'alcool et de médicaments laissant
un mot "idiot, pauvre, pauvre idiot". André Malraux, lui aussi grand alcoolique avait un père fanfaron qui se disait banquier,
inventeur qui ne fût jamais primé au concours Lépine mais qui boursicottait à perte. Hâbleur aimé des femmes et d'André il parlait de
tout sauf de l'hypérite nitré, le gaz moutarde dont il a vu les effets lors de la grande guerre. L'on retrouvera Fernand, rue de Lubek,
suicidé au gaz dans l'appartement où il s'était cloîtré. Le père d'Hemingway se suicide, celui de London qui sa femme abandonnant
son enfant quatre mois avant sa naissance. Pères morts, abandonnants… Le narcissisme est tellement émoussé que Blondin écrit
"L'homme est un lent et patient plongeur"[31]et Fitzgerald commence sa nouvelle par "Toute vie est bien entendu un processus
de démolition"[32]et Perrier écrira "Pourquoi, mon père impossible m'avez-vous abandonné à l'heure même où il me fallait suivre
mon destin d'homme c'est-à-dire quitter votre maison ? […] Vous m'avez laissé l'impossible jouissance de la mère sur les bras. Il faut que,
comme Jésus, je meure avant ma mère"[33].
Le voyage de l'alcoolique est parsemé de morts. Blondin perdra son cher ami Roger Nimier (dont le roman Le hussard sur le toit avait permis
à Bernard Frank de donner le nom au groupe littéraire composé de Jacques Laurent, Roger Nimier, Antoine Blondin puis plus tard Michel Déon :
Les Hussards) et ne s'en consolera jamais. Fitzgerald de son côté écrit "Un camarade de classe tua sa femme et se tua, un autre tomba
accidentellement d'un gratte-ciel de New-York. Un fût assassiné dans un bar clandestin de New-York et ramené au Princetown, club pour
mourir, et un autre encore eut le crâne fracassé à coups de hache par un fou dans un asile d'aliéné où il était enfermé […] c'était mes amis"[34].
Son épouse Zelda meurt brûlée vive dans la clinique où elle se désintoxiquait sur la côte d'Azur après le décès de (Tendre est la nuit).
Alors où va notre voyageur alcoolique ? Ces êtres dont les pères sont absents : à leur recherche, jusqu'au cimetière. C'est le voyage vers la
Grande Sortie.
- L'alcoolique est solitaire
Blondin déclarait : "Je sors pour me créer des frères et sœurs". Le fils unique fût le grand prosélyte d'une amitié pour laquelle il sacrifia tout :
famille, œuvre, amours… Amitié de ses amis Hussards puis des inconnus de bistrot et il disait, "Je sors pour me créer des frères et soeurs"[35].
En fait il aime l'amitié, la fraternité qui ainsi que toute fraternité empêche le Un parmi d'autres et débouche sur la violence à laquelle Blondin était
accoutumé souvent à ses dépens. Mais la fraternelle chaleur des comptoirs n'est qu'une préface à la solitude. "Pourquoi en viens-je à me persuader
qu'une légère ivresse améliore les rapports humains […]? Je ne devrais plus ignorer qu'il n'existe pas d'ivresse légère : on a vite fait de sombrer
en chantant, chacun de son côté entraîné par le poids de ses peines pendues autour du cou"[36] constate Fouquet. Alors l'on boit le dernier
verre tout seul, dernier rescapé de l'ivresse collective. Seul, pas tout à fait : il reste le double et la haine qu'on voue à ce semblable "J'ai trinqué avec
mon reflet qui levait son verre quand je levais le mien. Il s'est obstiné longtemps, mais j'ai eu le dernier mot puisque, à la fin, je me rappelle
que j'ai cessé de le voir. Cela m'étonnerait qu'il soit allé voir ailleurs"[37]. Je est un autre, Je est moi réel, et cela s'en arrête là… La fascination par
le réel narcissique. Fitzgerald dira "Il ne me restait plus de Je"[38]. Le sujet n'est plus causé par l'image, il y a ici délégation du su jet vers l'image
comme dans le mythe de Narcisse et l'image disparue le sujet n'est plus.
L'alcoolique est logé, selon les auteurs, dans une des catégories du
triptyque classique : névrose, psychose, perversion :
• Les tenants de la névrose soulignent avant tout l'économie du refoulement provoqué par l'alcool d'oubli, celui qui laisse la mémoire
au vestiaire. Puis, plus spécifiquement est invoqué la facilitation de l'histrionisme provoquée par l'alcool dans l'hystérie avec une réserve :
le danger n'est pas le même : il ne s'agit pas de théâtre mais de cirque sans filet. Ce même alcool éviterait dans la maladie du tabou les
ratiocinations incessantes de l'obsédé.
• Les tenants de la psychose vont se référer à l'acte de boire, stéréotype rappelant les cadences des Temps Modernes de Chaplin et le délire
d'activité de Tausk. On leur oppose la topologie du produit : la dépression alcoolique se fait à la suppression du toxique, celle du
psychotique à l'adjonction du produit (neuroleptique).
• Les tenants de la perversion invoquent le clivage du Moi : la parole arrosée ignorant la parole sobre et vice-versa, la représentation d'une
femme à double face : tantôt putain, tantôt respectueuse (pour reprendre le titre de Sartre), la fétichisation du corps propre (le corps est
meurtri de façon endogène : cirrhose, névrites etc… et exogène : coups et blessures des rixes de comptoir), la mythomanie : description
d'exploits fantoches qui sont à la perversion ce que le délire est au phénomène élémentaire dans la psychose, la fétichisation du discours,
les infractions par rapports à la loi ce qui veut dire que le Nom-DuPère n'est pas forclos mais que le père est défié… L'alcoolique par
tous ces mécanismes devenant le phallus fétic hisé de la mère. Le démenti de la castration fait que l'alcoolique, via le fétiche, vit dans un
monde à l'exclusive masculin d'où une énigme : comment naître dans un monde d'hommes ? (Celle du psychotique étant : comment naître dans
un monde de femmes.) La solution étant de naître soi-même : c'est le réveil après le coma alcoolique, la cuite. Les alcooliques
anonymes comptent leurs années à partir de leur abstinence, comme une renaissance dont la maturité serait la sobriété et qui ont pour
adage : "On ne devient pas alcoolique on naît alcoolique".
Le mythe de Dionysos (né deux fois) invite à aller dans le champ pervers. Sémélé, enceinte de Dionysos, provoque la colère de Héra qui
lui suggère de demander à son amant, Zeus, d'apparaître dans toute sa gloire (maître des cieux et du tonnerre), ce qu'elle fait et meurt brûlée. Mais Zeus a
le temps de se greffer l'embryon dans sa cuisse et le mène à terme. Dionysos naît du masculin et il sera le dieu du vin, dieu qui escorte de ses Bacchantes
des Silènes appelés aussi Satyres provoque la folie (délire mystique), le carnage et rend torride la sexualité. C'est le dieu psychopathique par excellence.
On le voit le dieu naît du masculin et se caractérise par des conduites psychopathiques dont Lacan fera avec le corps propre du sujet l'équivalent du fétiche.
Deux points de théorie sont pourtant à discuter :
- le fait que la parole ivre annule la parole à jeun. Les promesses d'abstinence sont annulées par le premier verre mais l'ichspaltung veut que
les contenus s'ignorent l'un l'autre. Or cela n'est pas le cas, l'alcoolique sait que son serment est serment d'ivrogne et l'alcoolique n'ignore pas le matin
ce qu'il fait la veille "Je reconstituais le cabaret fantôme que nous avions pris à l'abordage la nuit précédente […]. Il ne faut surtout pas se
retrouver isolé, comme je suis maintenant parce qu'on est dévoré par les loups du remord qui n'attaquent que l'homme seul"[39] et qui conclut
à propos des ivresses "ce va et viens aux abîmes est un trajet solitaire. Ceux qui remontent de ces gouffres […] renaissent douloureusement et
se retournent : la nuit a effacé la trace de leurs pas. Les ivresses si contagieuses sont incommunicables"[40]. L'alcoolique c'est Jekill et
Hyde dont l'un n'ignore rien de l'autre et vice-versa : Jekill garde la mémoire de Hyde pour en souffrir et Hyde celle de Jekill pour s'en gausser.
"Jekill avait pour Hyde l'intérêt d'un père et Hyde avec pour Jekill l'indifférence d'un fils"[41] cout Stevenson.
- Le trou noir c'est l'amnésie post-libation et ce trou, dans la clinique quotidienne l'alcoolique le remplit de forfaits ce que fait aussi la littérature :
Les Vrais durs ne dansent pas (Norman Mailler) et le cinéma Le lendemain du crime (Sydney Lumet) où les héros après soirée arrosée se
retrouvent devant un cadavre sans se rappeler de ce qui s'est passé. L'angoisse de l'alcoolique est à couper au couteau : qu'ai-je fait ?
Et comme toute infraction à la loi est un parricide potentiel l'on songe à ce crime des crimes qu'est le parricide, à ce premier verre meurtrier qu'il faut
vite oublier car avec la mort du père tombe la loi, car les morts sont des dominateurs puissants… oublier avec un autre verre, puis un autre…
Ecoutons Fouquet décrire ce trou noir "Ce genre d'absence me plonge dans une angoisse coutumière. A Paris, quand Claire m'a quitté, il arrivait
que trois ou même six heures de mon emploi du temps se dérobent à moi. A la place s'ouvre un grand trou noir […]. Je retrouvais dans ma poche
des morceaux de papier où des inconnus ont inscrit leurs numéros detéléphone, des rendez-vous, des maximes hoquetantes. Mais les visages
composés par la nuit ne franchissent pas le jour et, si je les rencontre par la suite, je ne les reconnais pas "[42].
On le voit ce travail situe l'alcoolisme dans le champ névrotique mais cela n'empêche qu'il va à toutes les pathologies comme le fil qui va à l'aiguille.
J'aurais réussi si j'ai pu vous montrer qu'il s'agi dans cette histoire plus d'une cirrhose de l'âme que d'une névrose du foie et que l'alcool est le donneur universel.
Mais il nous faut évoquer maintenant l'alcoolisme comme mystique.
- L'alcoolique est un mystique :
Toujours dans Un singe en hiver d'abord Fouquet puis Quentin apostrophent l'ésotérisme.
• Fouquet décrit les effets de l'ivresse "l'existence s'échauffe et brille dans ses plus modestes manifestions"[43] et, parlant des buveurs qui
connaissent cet état il dit "on prétend que ces alchimistes sont là pour se souler. La vérité est que l'état d'ivresse ne fait pas l'objet de
leurs cérémonies extrêmement subtiles il en est la conséquence et la rançon"[44].
• Quentin après dit à son épouse sa soif d'imprévu et évoque sa domestication obsessionnelle constate "tout ce qui est rassurant était
ennuyeux…"[45]. Alors Suzanne lui conseille de partir en voyage et il lui répond "Tu as raison […]. Je dois les tenir de la religion où
j'ai été élevé. Il y a du mysticisme dans l'extase d'un ivrogne contemplatif "[46]. Ces propos ne peuvent s'entendre qu'en regard d'un autre
ouvrage Sous le volcan de Malcom Lowry. Le consul Geoffrey Firmin est, après sa séparation d'avec Yvonne son épouse, parti à
Oaxaca (Mexique) depuis un an. Yvonne qui a trompé Geoffrey n'arrive pas à retrouver les jours heureux et à soigner le consul ravagé par
l'alcool et se laisse courtiser par son frère. Le consul est hanté par un souvenir : il commandait, pendant la première guerre mondiale
un cargo et n'a pu empêcher son équipage d'enfourner les officiers allemands d'un sous-marin dans la chaudière. Acquitté par la justice
il ne l'est pas par son tribunal intime et c'est la déchéance (déchet et échéance) quotidienne panachée de jalousie qui l'amène au delirium
puis à la mort : il se fait délibérément assassiner. Yvonne l'a précédé d'une mort accidentelle. S'il ne croit pas, comme Lord Jim de
Joseph Conrad, à la rédemption son angoisse est mystique : la création n'est peut-être qu'un pont entre deux néants. Comme
le Fouquet de Blondin Geoffrey est un homme seul : pour le premier Claire est partie, Yvonne pour le second. Comme Quentin
Geoffrey a un enfant mort. Comme pour Fouquet, Quentin le mal n'est pas l'alcool, le mescal mais ce dernier est le remède. Son médec in Vigil
parle de "maladie de l'âme"[47]. Il est quitté mais seul aimé et il sait la réconciliation impossible, l'impossible recréation après tant de passion
de l'androgyne et il montre pour le métaphoriser un roc brisé : La despedida : le désespoir. Il évoque le Zoar où il est fait état de l'Adam
primitif où la forme mâle et femelle sont accolés dos à dos. Pour qu'ils se voient Dieu les sépare : l'unité est rompue et chacun aspire à la part
manquante. Pour cela Dieu crée un principe unificateur : l'amour, et Dieu refuse de bénir et d'habiter les insoumis qui ne se rejoignent pas
dans l'amour pour faire totalité. Alors c'est l'illusion de la création : l'Eden est perdu et interdit. Dans son délire le consul voit un jardin de
broussailles (paradis perdus), une bouteille de tequila dans un buisson (la tentation, le serpent) tandis que le témoin de son assassinat a pour
nom chef des Jardins. L'action se déroule en un jour, le jour des morts. Mais le pire est que le manquement à l'amour, à cette loi irrémissible
s'élargit à l'humanité sous la forme de carence caritative. Une autre faute le hante : sur une route mexicaine un indien agonise : Yvonne ne
pouvant supporter la vue du sang s'en détourne, Hug le frère veut intervenir mais le consul le lui interdit et lui demande d'attendre la
venue d'une police qui arrivera trop tard. C'est une reprise de la parabole du bon Samaritain (en descendant de Jérusalem à Jéricho un
homme est laissé demi-mort par des brigands qui l'ont dépouillé. Un prêtre et un lévite passent outre. Un Samaritain le soigne,
le porteà l'hôtel, paie l'hôtelier pour qu'il s'occupe de lui (devoir de miséricorde). Samaritain est le nom du bateau gouverné par le consul. Le
consul dira "Le pire de tout est de sentir son âme mourir."[48]. Le consul est animé par une volonté d'extase, il veut grâce à l'alcool sortir
de lui-même, sortir d'une temporalité préfacée par le péché originel, sortir d'une conscience historienne pour en retrouver une grâce
au mana (âme de l'univers des peuples premiers) qui est ici l'alcool, l'eau de vie, l'eau de feu.
Victor Hugo disait de lui "Je suis un homme qui pense à autre chose"[49] c'est peut-être la meilleure définition de l'alcoolique qui pense au pays
du père mort ou vivant, au Pays où l'on n'arrive jamais, d'André d'Hotel, autrement que soi -même mort. Alors névrose du foie ou cirrhose de l'âme ?
Bernard Guiter
Dr en Psychologie
Habilité à diriger les recherches
Psychanalyste
Références bibliographiques
1 Aragon (L); 1944, La Diane Française, Seghers, Paris
2 Blondin (A); 1932, Ma vie entre les lignes, Paris, Robert Laffont, 1991 p.1137
3 Blondin (A); 1955, Un singe en hiver, Paris, Le livre de poche, p. 55
4 Idem
5 Id.
6 Ibidem p.77
7 Ibid. p. 9
8 Ib. p. 97
9 Ib. p.217
10 Ib. p. 161
11 Ib. p. 155
12 Freud (S); 1905, Le cas Dora, Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1877 p. 11
13 Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, op. cit. p. 169
14 Id.
15 Ibidem pp. 170, 171
16 Hillemand (B); 1995, Alcool, alcoolisme : repères historiques et neurologiques, revue Alcoologie, n°4, t.17 décembre 1995.
17 Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, op. cit.,p. 160
18 Guiter (B); 1993, Mémoire de DEA dirigé par Claude Bruère-Dawson, Université de Montpellier III Paul Valéry, p. 78
19 Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, op. cit., pp.160,161
20 Benz (J); Préface Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 2001, p.11
21 Ib.
22 Lacan (J); Les complexes familiaux, Autres écrits, Paris, Seuil, p. 36
23Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, op. cit. p. 104
24 Ibidem p. 160
25 Ibid. p. 64
26 Ib. p.155
27 Ib. p. 152
28Blondin (A); 1970, Monsieur Jadis, Antoine Blondin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. 605
29 Blondin (A) ; 1959, Un singe en hiver, op. cit. p. 220
30 Ibidem p. 34
31 Ibidem p. 11
32Fitzgerald (F. S.), 1936, La fêlure, Paris, Folio, p. 475
33 Perrier (F); 1974, La chaussée d'Antin, t. 2, Paris, Albin Michel, 2008, p. 482
34 Fitzgerald (F.S); 1931, Echoes of the Jazz Age, Grenier (R) Préface, La fêlure, Paris, Gallimard folio, pp. 13, 14
35 Benz (J), 2001, Préface Blondin, op. cit. p. 2
36 Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, op. cit. p. 46
37 Ibidem p. 47
38 Fitzgerald (F.S); 1936, La Fêlure, op. cit. p. 492
39 Ibidem p. 59
40 Ibid. p. 79
41 Stevenson (R.L); 1886, L'étrange cas du Dr Jekill et de Mr Hyde, Paris, Robert Laffont, 1960, p. 355
42 Blondin (A), 1959, Un singe en hiver, op. cit. p. 57
43 Ibidem p. 49
44 Id.
45 Ibidem p. 173
46 Ibidem p. 174
47 Lowry (M); 1947, Sous le volcan, Paris, Gallimard folio, p. 38
48 Ibidem p. 88
49 Hugo (V); Tas de pierres
Bibliographie
1. Aragon (L); 1944, La Diane Française, Paris, Seghers, 2012
2. Benz (J); 2001, Préface, Antoine Blondin, Paris Robert Laffont
3. Blondin (A); 1959, Un singe en hiver, Paris, Le livre de poche
4. Blondin (A); 1949, L'Europe buissonnière, Paris, La table ronde
5. Fitzgerald (F.S); 1936, La Fêlure, Paris, Gallimard -Folio
6. Freud (S); 1905, Le cas Dora, Cinq psychanalyses, Paris, PUF
7. Guiter (B); 1993, La Franc-maçonnerie du jouir, Mémoire de DEA en
psychopathologie, Montpellier III
8. Hillemand (B); 1995, Alcool, alcoolisme : repères historiques et
neurologiques, revue Alcoologie, n°4, t.17
9. Hugo (V); Tas de pierres, poème retrouvé dans les documents de l'auteur
10. Lacan (J); 1936, Les complexes familiaux, Autres écrits, Paris, Seuil, 2001
11. Stevenson (R.L); 1886, L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde