24 01 2015 - CG Bruère Dawson, JL Doucet, L Buonomo, F Saintrapt, Matinée de réflexion : Je suis ... Charlie ?
Jean-Louis Doucet:
Lionel Buonomo:
Franck Saintrapt:
Le 24 janvier 2015 a eu lieu à l'ESRFP une matinée de réflexion après les évènements tragiques du 7 janvier 2015 à Paris.
Intervenaient le Professeur Claude-Guy Bruère-Dawson, le Dr Jean-Louis Doucet, Lionel Buonomo, et Franck Saintrapt.
RAPPEL DE L'ARGUMENT DE CETTE MATINEE:
Je suis... Charlie ?
Notre civilisation pousse le sujet aux extrêmes de ses passions ontologiques qui lui révèlent ce que son être doit au manque-à-être dont le désaveu risquerait l'avènement du déshumain.
Roland Gori 2008
S'il y a des ponctuations auxquelles peut, à mon sens, s'identifier le psychanalyste c'est sûrement à ces points de suspension et d'interrogation que j'ai posé à la suite de cet hashtag si répandu.
Dans une société où la norme fait Loi, c'est-à-dire où ce sont les normes qui imposent leurs lois, la question de la disparité subjective et de ses incidences sur le vivre ensemble est reléguée aux oubliettes d'interrogations philosophiques résolument qualifiées d'obsolètes. Ces interrogations font pourtant inéluctablement retour dans les situations critiques.
La tragédie nationale que constituent les attentats terroristes des 7, 8 et 9 janvier dernier, l'enthousiasmante mobilisation qu'elle a générée et la reprise à des millions d'exemplaires de cette formule : « je suis Charlie » doivent, semble-t-il, être interrogées à plusieurs niveaux.
D'abord, il paraît légitime de se demander comment notre société dite évoluée, à la protection sociale si présente, où l'éducation nationale et la culture sont si importantes, où la transparence est tant revendiquée, comment cette société-là est-elle arrivée à sécréter (au sens de sécrétion, c'est-à-dire ce qui est normalement rejeté) des éléments capables d'une inconcevable barbarie terroriste ?
La mobilisation populaire du 11 janvier, d'un ampleur et d'une ferveur roborative, nous rappelle, à mon sens, l'attachement indéfectible de chaque Un à ce qui est la condition de possibilité d'émergence du désir inconscient, à savoir la liberté de dire.
On peut se demander également ce que recouvre cette affirmation : ''Je suis Charlie''. Ce ''je suis'' relève-t-il du verbe être ou du verbe suivre ? Ce verbe nous oriente-t-il vraiment du côté du manque-à-être ou bien traduit-il une tendance renouvelée à laisser l'initiative de la parole à l'autre ? Ce slogan n'est-il pas une nouvelle identification imaginaire aliénante et trompeuse ?
De très nombreuses autres questions sont soulevées par les évènements tragiques que notre Nation vient de connaître et, du fait de l'indisponibilité à cette date du Professeur Roland Gori et du report de sa venue au 13 juin prochain, le bureau de l'ESRFP vous invite à venir les poser et à en débattre le 24 janvier à la salle de conférence du CH Saint-Clair à 10h.
Jean-Louis Doucet-Carrière
INTERVENTIONS
Vous pouvez télécharger en haut de cette page les textes suivants:
Jean-Louis Doucet: "Je suis... Charlie ?"
Lionel Buonomo: "Mais où suis-je Charlie ?"
Franck Saintrapt: "Non, je ne le dirai pas."
Références citées par Jean-Louis Doucet:
Paul Valéry: Préface aux Lettres Persanes
Pierre Legendre: Présentation du film "La fabrique de l'homme occidental"